Le gouvernement de Donald Trump déclare la guerre aux cigarettes électroniques aromatisées. Leur vente sera interdit dans les prochains mois, a annoncé mercredi l'administration américaine, afin de lutter contre le vapotage en pleine explosion chez les mineurs (+78% en 2018 dans les lycées américains). La mesure vise particulièrement la start-up Juul, qui détient près de 70% du marché.
«Beaucoup de gens pensent que le vapotage c'est formidable», a déclaré le président américain dans le Bureau ovale de la Maison Blanche. «Cela n'a rien de formidable, cela crée plein de problèmes», a estimé Donald Trump, alors que six personnes sont décédées cet été pour des raisons encore mal expliquées. San Francisco est devenue la première ville américaine à interdire complètement les ventes d'e-cigarettes.
Les autorités sanitaires ont annoncé en même temps l'interdiction à venir des liquides aromatisés, par exemple au menthol, à la mangue ou à la fraise, non parce que les arômes sont jugés nocifs en eux-mêmes, mais parce qu'ils attirent toute une génération de jeunes qui deviennent dépendants à la nicotine, effaçant des années de progrès contre la cigarette.
Un lycéen sur quatre vapotait en 2019 aux Etats-Unis, selon une enquête publique annuelle, a annoncé le département de la Santé, soit une hausse de 78% sur un an. Tous les goûts autres que le goût tabac seront prochainement retirés du marché, a expliqué le secrétaire à la Santé, Alex Azar. Le texte paraîtra dans «plusieurs semaines» et entrera en vigueur 30 jours plus tard. Les produits aromatisés au tabac pourront continuer à être vendus mais devront demander une autorisation de mise sur le marché d'ici mai 2020.
En dehors du problème de l'accoutumance à la nicotine, jugée dangereuse par les autorités sanitaires pour des cerveaux encore en développement, une crise plus spectaculaire est née cet été.
450 personnes sont tombées gravement malades après avoir vapoté, et six sont décédées de maladies pulmonaires aigües.
Les malades toussent, s'essoufflent, n'arrivent plus à respirer. Beaucoup sont hospitalisés en soins intensifs et branchés sur des respirateurs artificiels. Des jeunes en bonne santé se sont retrouvés dans des comas artificiels. On ignore quel ingrédient a causé exactement les maladies pulmonaires.
Dans de nombreux cas, les liquides contenaient du THC, la substance psychoactive du cannabis, mais il est probable que ce soit l'un des nombreux additifs des liquides qui ait endommagé les poumons en étant vaporisé et inhalé. L'Etat de New York a cité une huile de vitamine E comme cause possible, mais cela n'est pas confirmé par la FDA.
L'interdiction à venir menace le leader du marché, Juul (prononcé comme « jewel ») de sanctions en raison de ses pratiques marketing passées à destination des jeunes, avec ses parfums exotiques, sa forme qui ressemble à une clé USB et son pourcentage élevé de nicotine (5 %). La société a retiré l'an dernier ses «pods» aromatisés (mangue, fruits, crème, concombre...) des ventes en magasin, les restreignant aux ventes en ligne afin de mieux contrôler l'âge.
La start-up, dans laquelle Altria, le fabricant de Marlboro, a massivement investi fin 2018, a son siège à San Francisco. Ses ventes ont été multipliées par huit en 2018. Juul, qui est valorisé à 38 milliards de dollars, possède 68 % du marché américain des e-cigarettes. Son chiffre d’affaires devrait passer de 1,2 milliard à plus de 3 milliards de dollars cette année. Juul s'est lancée cette année en France, comme une «solution alternative de qualité à la cigarette.»