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Syrie : tensions entre Moscou et Ankara après la mort de 33 soldats turcs

Publié le vendredi, 28 février 2020 | 6 min | Monde
  • La Turquie accuse l'armée syrienne d'être à l'origine de l'attaque. Alors que l'Otan condamne celle-ci, Poutine et Erdogan ont discuté au téléphone de la situation, qui fait craindre une escalade.

    Depuis trois mois, le régime syrien, soutenu par les Russes, est passé à l’offensive pour reprendre la dernière province tenue par les rebelles, où s’entassent 3 millions de personnes. L’ONU craint un « bain de sang » et redoute un « massacre ».

    Dans le nord-ouest de la Syrie, au moins 33 soldats turcs ont été tués jeudi dans la province d'Idlib dans des raids attribués au gouvernement de Bachar el-Assad par Ankara, qui a aussitôt riposté en bombardant des positions de Damas, faisant 16 morts du côté des combattants syriens selon une ONG.

    Le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan ont discuté au téléphone ce vendredi, a annoncé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Ce coup de fil a eu lieu à l'initiative d'Ankara, a précisé le chef de la diplomatie russe qui a présenté ses condoléances à la Turquie, assurant vouloir éviter que de «telles tragédies» se reproduisent et que Moscou «fait tout pour assurer la sécurité des soldats turcs» déployés en Syrie.

    Convoquée par la Turquie, qui en est membre, une rencontre entre les ambassadeurs des pays membres de l'Otan a été suivie de déclarations de son secrétaire-général, Jens Stoltenberg, qui a appelé «la Russie et le régime syrien à cesser les combats, les attaques aériennes aveugles (...) à respecter pleinement le droit international (...) et à s'engager pleinement dans les efforts menés par l'ONU pour trouver une solution pacifique au conflit en Syrie».

    La Turquie, elle, s'est abstenue de mettre en cause la Russie elle-même, principal parrain du régime syrien, mais qui entretient avec Ankara des liens approfondis dans le règlement du conflit, et plus largement en matière de sécurité et d'énergie.

    Ce développement dans le conflit syrien traduit néanmoins la fragilité de ce lien russo-turc, les deux parties soutenant sur le terrain des camps opposés. Ces dernières semaines, face aux groupes rebelles, largement djihadistes et soutenus par la Turquie, le régime syrien a repris le contrôle d'une large bande de territoire dans la région d'Idlib, à l'ouest d'Alep, sécurisant notamment une autoroute stratégique, ce qui a déclenché la colère d'Ankara, qui a perdu au total 53 soldats en février.

    L'armée turque est officiellement déployée dans la province d'Idlib au niveau de «points d'observation» établis le long de la ligne de front et négociés dans le cadre des accords d'Astana, parrainés par la Russie et auxquels participent la Turquie, mais aussi l'Iran.

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