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Mourad Hattab: L’économie tunisienne accuse une régression temporelle de 15 à 20 ans, après 6 ans de la révolution

Publié le samedi, 14 janvier 2017 | 5 min | Economie
  • L'économistes Mourad Hattab a brossé un sombre tableau de l’économie tunisienne et pointé les plaies dont elle souffre et qui sont à l'origine d'une "importante régression temporelle" de l'activité économique nationale.

    «L’économie Tunisienne a accusé depuis la fin de 2010, une régression temporelle de 15 à 20 ans. Elle est actuellement, sous perfusion. La muette agonie qu'est en train de vivre le pays, va prendre fin, mais on ne peut pas imaginer cette fin, qu'à long terme, étant donné que notre tableau de bord est très limité », a affirmé l’expert économique, Mourad Hattab, dans un entretien accordé à l’agence TAP.

    «Les événements du 14 janvier 2011 sont considérés généralement, comme étant un choc pour l’économie tunisienne. Juste après cet événement majeur dans l’histoire du pays, nous avons commencé à sentir au fil des années, une sorte de cassure qui a touché les institutions économiques et sociales qui avaient assuré pendant des décennies, le fonctionnement normal du pays.

    Hattab a relevé que le pays a un problème de liquidités, «il a perdu sur les plans économique et financier, 40% de son potentiel en matière de liquidités, suite à un développement exceptionnel de l’économie informelle, mais aussi, du fléau des importations anarchiques. Les importations nationales représentent des flux de l’ordre de 42 milliards de dinars, par an depuis 2011, soit trois fois les réserves annuelles en devises du pays, dont 60% sont des importations anarchiques».

    "En un laps de temps très court, la Tunisie s’est transformée en un pays extrêmement déficitaire sur le plan commercial et des paiements extérieurs, mais aussi, au niveau des finances publiques. Entre les années 2011 et 2016, le déficit budgétaire a doublé, passant de 3 à 6% et pourrait atteindre jusqu’à 7%, en 2017 », a t-il souligné.

    « Depuis 2011 et jusqu’au maintenant, la Tunisie a eu recours à 35 crédits extérieurs, pour une valeur de près de 30 milliards de dinars, afin de pallier à cette situation. Notre ratio d’endettement a doublé, il est estimé à 85% du PIB, compte tenu de l’endettement du secteur public. Le ratio d’endettement équivaut 5 fois les réserves en devises du pays et deux fois ses recettes d’exportation. La dette est devenue insoutenable par rapport aux normes généralement admises en la matière ».

Mourad Hattab: L’économie tunisienne accuse une régression temporelle de 15 à 20 ans, après 6 ans de la révolution